C’est lors d’un dîner avec Laurence et Rachel de l’Agence Canidé que j’ai entendu parler, pour la première fois, du modèle de la semaine de quatre jours. Elles m’ont partagé leur expérience et les bénéfices qu’elles avaient observés après l’avoir implanté dans leur entreprise. Ça a piqué ma curiosité. Pourquoi ne pas développer un système où les gens travaillent dans un environnement optimal, de façon plus condensée, où chaque heure compte vraiment ? Plutôt que de remplir mes journées de meetings inutiles, pourquoi ne pas récupérer ce temps et le transformer en quelque chose de bien plus précieux : du temps personnel ?
L’idée de « mieux travailler pour moins travailler » n’est pas venue d’un coup, mais plutôt d’une réflexion sur ma façon d’organiser le travail. Je n’ai jamais cru qu’il était possible d’être efficace à 100 % pendant 40 heures par semaine. Forcément, il y a des plages de temps mal utilisées, des moments de dispersion ou de surcharge mentale. Quand on a trop d’heures disponibles, c’est comme avoir une réserve illimitée d’énergie : on la dépense sans vraiment y penser. Mais si on limite les ressources, on devient plus stratégique dans leur utilisation.
Les avantages étaient alléchants : des gains de productivité, une baisse du stress et un meilleur taux de rétention. Mais ce qui rend ce concept difficile, c’est qu’il est encore relativement récent. Il y a peu d’exemples concrets, pas de marche à suivre universelle et surtout, peu de données solides sur son impact à long terme. J’ai trouvé des études prometteuses ici et là, mais chaque entreprise fonctionne différemment, et personne n’avait de recette magique à me donner. En réalité, adopter la semaine de 4 jours, c’était un pari calculé, mais un pari quand même.
Bien sûr, je savais que ce ne serait pas un chemin sans embûches. Impossible de foncer tête baissée : c’était un projet ambitieux et je ne voulais pas m’y lancer à l’aveugle. J’ai donc décidé de m’entourer. La Boîte Pac m’a accompagné dans cette transformation, et j’ai pris le temps de discuter avec des entreprises qui avaient déjà fait le saut, comme l’Agence Canidé. Leurs retours d’expérience ont été essentiels pour identifier les pièges à éviter et m’ont permis d’anticiper certains défis avant même de commencer.
Ma plus grande crainte ? La réaction des clients.
Si, sur papier, tout semblait prometteur, je redoutais leur perception. Est-ce qu’ils allaient voir ça comme un manque de sérieux ? Une baisse de disponibilité ? Plutôt que de foncer tête baissée, j’ai choisi une approche méthodique : plusieurs mois de préparation, un pilote de trois mois (en janvier, une période plus calme), et beaucoup d’ajustements en chemin.
Un an plus tard, je peux dire que le bilan est largement positif. L’équipe a trouvé un nouvel équilibre, et le vendredi est devenu une journée précieuse, pour se ressourcer, avancer sur des projets personnels ou simplement profiter d’un week-end prolongé.
Mais soyons honnêtes, tout n’a pas été parfait. Réduire la semaine de travail ne signifie pas réduire la charge de travail. Condenser 35 heures de travail en 32 heures, ce n’est pas simple. Les journées sont devenues plus intenses, et lors des périodes chargées, certains ont ressenti une pression accrue. J’ai aussi vu que, sans efforts constants, il est facile de retomber dans les vieux réflexes – comme multiplier les meetings ou laisser les priorités se diluer.
Un des apprentissages clés a été l’importance de respecter les plages de travail en solo. Sans ça, les journées deviennent vite chaotiques et le gain de temps s’évapore. Mais ce n’est pas le seul. Un autre apprentissage majeur a été la gestion des meetings. Nous avons réalisé à quel point il y avait des réunions inutiles, trop longues ou mal structurées. Une bonne partie du temps récupéré se trouve justement là. Il est facile de libérer 1 à 2 heures par semaine simplement en optimisant nos rencontres. Et ce n’est pas sorcier : un agenda clair, seulement les bonnes personnes invitées, et si quelqu’un n’est pertinent que pour une partie de la rencontre, il ne reste que pour cette portion. C’est une discipline à adopter, et nous avons vu à quel point ça fait une différence.
Finalement, nous avons aussi appris qu’une semaine de 4 jours sans attentes claires de performance peut être vouée à l’échec. Il faut constamment ajuster, optimiser et pousser pour que ce modèle reste viable sur le long terme. Ce modèle repose sur un engagement mutuel : plus de liberté, mais aussi plus d’efficacité.
Aujourd’hui, je peux dire que le pari était le bon. Est-ce parfait ? Non. Est-ce que ça change encore ? Complètement. Mais cette aventure nous a permis de remettre en question nos façons de faire, de repenser nos priorités et d’adopter un état d’esprit plus audacieux au quotidien.
Pour nous, la semaine de 4 jours n’est pas une fin en soi. C'est une étape vers une façon de travailler plus équilibrée et plus performante. Et je suis convaincu qu’avec le temps, elle continuera à nous transformer – pour le meilleur.
Vous êtes curieux et réfléchissez à implanter la semaine de quatre jours dans votre entreprise, n’hésitez pas à contacter Mathieu Gagnon pour en discuter.